Affaire des « Panama Papers »: le nouveau président panaméen estime que c’était un « canular international »
Le nouveau président du Panama, José Raul Mulino, a affirmé lundi 1er juillet que le scandale international d’évasion fiscale des « Panama Papers », dont l’épicentre était le cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, était un « canular international » visant à nuire au système financier du pays.
« Regardez l’affaire Mossack Fonseca, qui a marqué le début de la fin de notre modèle économique financier. Ils viennent d’acquitter tous les accusés parce qu’en réalité, il s’agissait d’un canular international visant à saper l’image et la compétitivité de notre pays », a déclaré José Raul Mulino dans son discours d’investiture.
Un tribunal panaméen a relaxé vendredi 28 personnes qui étaient accusées de blanchiment d’argent en lien avec le cabinet d’avocats qui servait d’intermédiaire à des responsables politiques de premier plan, des personnalités des finances, des sports et du monde artistique pour dissimuler de l’argent.
L’image du Panama profondément entachée
Le Consortium international de journalistes d’investigation (Ciji) avait révélé l’affaire en 2016, s’appuyant sur la fuite de 11,5 millions de documents provenant du cabinet Mossack Fonseca. Ce scandale a entraîné sa fermeture et l’image du Panama en a été profondément entachée.
« Je vais faire en sorte que le Panama respecte et retrouve sa bonne réputation qui a été arbitrairement salie par des pays qui n’appliqueraient jamais sur leur territoire les lois qu’ils exigent de nous », a ajouté José Raul Mulino.
Samedi, Gerard Ryle, directeur exécutif du Ciji a estimé que « même si le tribunal n’a pas tenu ces prévenus pour responsables, l’impact durable de notre enquête persiste ».
« En révélant des vérités cachées, comme nous l’avons fait dans les Panama Papers, nous donnons au public les informations dont il a besoin pour demander des comptes et faire pression pour des réformes », selon lui.
Le Panama a été accusé d’être un paradis fiscal, ce qui lui a valu d’être placé sur plusieurs listes, dont celle de l’Union européenne.
Criminalisation de l’évasion fiscale
Toutefois, les gouvernements panaméens successifs ont rejeté ces accusations et menacé d’adopter des sanctions contre les pays et les organisations qui maintiennent le pays sur ces listes, José Raul Mulino estimant que ces inscriptions sont « irrespectueuses et agressives ».
Après l’affaire des « Panama Papers », de hauts fonctionnaires de plusieurs pays ont été contraints de démissionner et d’autres ont été condamnés. Le Panama a procédé à des réformes juridiques, notamment en criminalisant l’évasion fiscale, qui n’était pas considérée comme un délit auparavant.
Depuis, le pays a introduit des réformes et renforcé les exigences en matière de création de sociétés, ce qui lui a permis d’être retiré de la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI) en 2023.