Une voie stratégique pour le commerce mondial

Droits de douane, guerre commerciale… les points de tension ne manquent pas entre la Chine et les États-Unis. L’un d’eux est le canal de Panama, une voie navigable pourtant distante de près de 3 000 km de la frontière américaine. Ce canal, sous la tutelle du géant nord-américain qui l’a en partie financé et construit pour le livrer en 1914, a été restitué au Panama en 1999 par le président Jimmy Carter.

Long de 80 km, le canal relie les océans Atlantique et Pacifique en huit à dix heures, contre plusieurs semaines en longeant les côtes. Il est capital pour les exportations américaines vers l’Asie, notamment de gaz liquéfié et de soja. Les États-Unis en sont les principaux utilisateurs, ce qui explique les visées de Trump sur cet axe commercial majeur.

Enjeux militaires et rivalité avec la Chine

L’autre raison de l’intérêt américain est d’ordre militaire. Dès le début de son mandat, Donald Trump a demandé la gratuité pour ses bateaux gouvernementaux, essentiellement des navires militaires, ce que le Panama a refusé. Dans l’éventualité d’une guerre avec la Chine et de la nécessité de défendre Taïwan, le canal serait un point de passage stratégique.

Trump ambitionne de rétablir des bases militaires sur les deux rives du canal, comme cela existait lorsque les États-Unis le contrôlaient. Le secrétaire à la Défense américain, en visite au Panama, a récemment fixé la ligne : préserver le canal de l’influence chinoise.

L’administration américaine vise le conglomérat hongkongais Hutchison, qui détient la concession portuaire la plus importante aux deux entrées du canal. Ce contrat, accordé lorsque Hong Kong était indépendant de la Chine, fait craindre à Trump que ces installations ne soient transformées en bases militaires si les tensions venaient à s’aggraver.